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IVANHOÉ.

des premiers à te suivre partout où tu iras. Cette querelle est la mienne, et il est convenable que je sois en tête des combattants.

— Cependant, réfléchis, noble Saxon, dit le chevalier ; tu n’as ni haubert, ni corselet, ni rien que ce léger heaume, un bouclier et une épée.

— Tant mieux ! répondit Cédric, je serai plus leste pour escalader ces murs, et pardonne-moi cette vanterie, sire chevalier, tu verras aujourd’hui un Saxon se présenter au combat, la poitrine découverte, aussi hardiment que l’ait jamais fait un Normand revêtu de son corselet d’acier.

— Eh bien ! donc, au nom de Dieu ! dit le chevalier, ouvrez la porte et lancez le radeau !

Le passage qui conduisait de la muraille intérieure de la barbacane au fossé, et qui correspondait à une poterne faite dans le mur du château, s’ouvrit brusquement ; le pont volant fut lancé, et bientôt il flotta sur les eaux, s’étendant entre le château et l’ouvrage avancé, et formant un passage glissant et dangereux pour deux hommes de front.

Sentant toute l’importance d’une attaque prompte, le chevalier Noir, suivi de près par Cédric, s’élança sur le pont et gagna la rive opposée. Armé de sa hache, il assaillit la poterne à coups redoublés, protégé en partie contre les traits et les pierres lancés des remparts par les décombres du premier pont-levis, que le templier avait démoli en abandonnant la barbacane, laissant le contrepoids encore fixé à la partie supérieure de l’entrée.

Les compagnons du chevalier n’avaient pas d’abri semblable. Deux d’entre eux furent à l’instant tués par des viretons, quelques-uns tombèrent dans le fossé, les autres se retirèrent précipitamment dans la redoute.

La situation dans laquelle se trouvaient le chevalier Noir et Cédric était devenue vraiment dangereuse, et elle l’eût été davantage encore si les archers restés dans la barbacane n’eussent tiré constamment sur tous les hommes d’armes qui se montraient sur les remparts, distrayant ainsi leur