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IVANHOÉ.

Le sifflement des traits et des projectiles, de l’un et de l’autre côté, n’était interrompu que par les cris qui s’élevaient, lorsque quelque perte notable était subie par l’un des deux partis.

— Faut-il donc que je reste ici couché comme un moine fainéant, s’écria Ivanhoé, tandis que le combat, qui doit décider de ma liberté ou de ma mort, se livre par la main des autres ? Regarde à la fenêtre encore une fois, aimable jeune fille ; mais prends garde d’être aperçue par les archers du dehors. Regarde de nouveau, et dis-moi s’ils reviennent à l’assaut.

Rébecca, avec un courage viril, fortifiée encore par les prières qu’elle venait de faire, se porta de nouveau à la grille, s’abritant toutefois de manière à ne pas être vue du dehors.

— Que vois-tu, Rébecca ? demanda encore une fois le chevalier blessé.

— Je ne vois rien, dit-elle, qu’un nuage de flèches si épais, qu’elles éblouissent mes yeux et cachent à ma vue même les archers qui les lancent.

— Cela ne peut durer, dit Ivanhoé. S’ils ne marchent pas en masse droit sur le château pour l’emporter de force, leurs flèches n’arriveront à rien et se briseront contre des murs de pierre et des remparts… Tâche de découvrir le chevalier au cadenas, belle Rébecca, et vois comment il se comporte ; car tel chef, tels soldats.

— Je ne le vois pas, dit Rébecca.

— Vil poltron ! s’écria Ivanhoé, lâcherait-il le gouvernail au moment où la tempête rugit le plus fort ?

— Il ne le lâche pas, dit Rébecca. Je le vois à présent… Il conduit une troupe d’hommes juste au bas de la barrière extérieure de la lunette…[1] Ils abattent les pieux et les

  1. Les châteaux et villes gothiques avaient, au-delà des murs extérieurs, une fortification composée de palissades, appelée barrière, qui était souvent le théâtre de combats acharnés, puisqu’il fallait nécessairement les enlever avant de s’approcher des murs. Beaucoup de ces vaillants faits d’armes qui ornent les pages chevaleresques de Froissard eurent lieu aux barrières des places assiégées.