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IVANHOÉ.

Sa description fut tout à coup interrompue par le son aigu d’un cor ; c’était le signal de l’attaque, auquel répondit sur-le-champ une fanfare de trompettes normandes partie des créneaux ; ce bruit, mêlé au tintement métallique et bruyant des nacaires (sorte de timbales), ripostait par des notes de défi à la provocation de l’ennemi. Les cris poussés des deux côtés augmentèrent cet épouvantable fracas, les assaillants s’écriant : « Saint Georges, pour la joyeuse Angleterre ! » et les Normands y répondant par « En avant de Bracy ! Beauséant ! Beauséant ! Front-de-Bœuf à la rescousse ! » suivant les cris de guerre de leurs différents chefs.

Ce n’était pas toutefois par des clameurs que la lutte devait se vider, et les efforts désespérés des assaillants rencontrèrent une défense également vigoureuse de la part des assiégés. Les archers, rompus à l’exercice de l’arc par l’usage habituel de cette arme dans la forêt, décochaient leurs flèches avec tant d’adresse, d’ensemble et de précision, que partout où un défenseur découvrait la moindre partie de sa personne, il n’échappait point à leurs traits. Chaque flèche avait son but individuel ; on les lançait par vingtaines contre chaque embrasure des parapets ou contre chaque ouverture ou fenêtre où l’on soupçonnait un défenseur ; cette décharge terrible, bien soutenue et drue comme la grêle, tua deux ou trois hommes de la garnison et en blessa plusieurs autres.

Mais, pleins de confiance dans leurs armures à l’épreuve, et sous l’abri que leur donnait leur position, les soldats de Front-de-Bœuf et de ses alliés firent bonne contenance et montrèrent autant d’opiniâtreté dans la défense que l’ennemi montrait de fureur dans l’attaque. Ils répondirent donc par une décharge de leurs grandes arbalètes, de leurs arcs, de leurs frondes et autres armes. Et, comme les assaillants étaient nécessairement mal abrités, les assiégés leur causèrent infiniment plus de dommage qu’ils n’en reçurent d’eux.