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IVANHOÉ.

La jeune juive se hâta de faire connaître ces préparatifs à Ivanhoé, en ajoutant :

— La lisière de la forêt est bordée d’archers, bien qu’un petit nombre seulement soient sortis de son épais feuillage.

— Quelle bannière ont-ils arborée ? demanda Ivanhoé.

— Je ne puis reconnaître leur insigne de guerre, répondit Rébecca.

— C’est étrange ! murmura le chevalier : vouloir livrer l’assaut à un pareil château sans déployer ni drapeau ni bannière, c’est une nouveauté qui me surprend. Vois-tu ceux qui agissent comme chefs ?

— Le plus remarquable est un jeune chevalier couvert d’une armure noire, dit la juive ; lui seul est armé de pied en cap, et semble prendre la direction suprême sur tous ceux qui l’entourent.

— Quelle devise porte son bouclier ? reprit Ivanhoé.

— Quelque chose qui ressemble à une barre de fer, et un cadenas peint en bleu sur un fond noir, dit Rébecca.

— Des chaînes et un cadenas d’azur ? dit Ivanhoé. J’ignore qui peut porter cette devise ; mais elle pourrait être la mienne à cette heure… Ne pourrais-tu lire l’inscription ?

— C’est à peine si je vois la devise elle-même à cette distance, répondit Rébecca ; mais, lorsque le soleil frappe sur le bouclier, je vois ce que je viens de vous dire.

— Paraît-il y avoir d’autres chefs ? dit le chevalier avec anxiété.

— Je ne puis remarquer d’ici personne portant de marque de distinction, dit Rébecca ; mais sans doute que, de l’autre côté, le château est également assailli. Ils semblent se préparer en ce moment à s’avancer. Dieu de Sion, protège-nous ! Quel terrible spectacle ! Ceux qui marchent en tête portent de grands boucliers et poussent devant eux un mur fait de planches ; les autres suivent, bandant leurs arcs en cheminant. Voilà qu’ils lèvent leurs arcs. Dieu de Moïse, pardonne à tes créatures !