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IVANHOÉ.

valier dans sa déplorable position, et lui interdirent également de divulguer ce secret à Front-de-Bœuf, qui n’aurait eu aucun scrupule de mettre à mort en toute occasion son rival, prétendant au fief d’Ivanhoé.

D’un autre côté, mettre en liberté un prétendant préféré au cœur de lady Rowena, ce que les événements du tournoi et l’exil de Wilfrid de la maison paternelle avaient rendu notoire, c’était là un effort de générosité au-dessus des forces de de Bracy. Il ne sut trouver qu’un moyen terme entre le bien et le mal, et il ordonna à deux de ses écuyers de rester auprès de la litière et de ne permettre à personne de s’en approcher. Si on les questionnait, leur maître leur avait ordonné de dire que la litière appartenait à lady Rowena, et qu’elle était momentanément occupée par un de leurs camarades blessé dans l’escarmouche.

En arrivant à Torquilston, tandis que le chevalier du Temple et le maître du château étaient absorbés chacun dans ses propres projets, l’un convoitant les trésors du juif et l’autre sa fille, les écuyers de de Bracy portèrent Ivanhoé, qui passait toujours pour un camarade blessé, dans un appartement écarté.

Cette explication fut celle qu’ils donnèrent à Front-de-Bœuf, lorsqu’il leur demanda pourquoi ils ne s’étaient pas rendus sur les créneaux au premier bruit d’alarme.

— Un camarade blessé ! s’écria-t-il étonné et irrité ; il n’est pas étonnant que des manants et des yeomen deviennent assez présomptueux pour assiéger nos châteaux, et que les paysans et les porchers envoient des cartels aux seigneurs, puisque des hommes d’armes sont devenus des gardes-malades, et que les francs compagnons se tiennent près du chevet de ceux qui meurent, au moment où le château va être envahi. Aux créneaux, fainéants et vilains ! s’écria-t-il en élevant sa voix de stentor, de manière à faire retentir les voûtes, aux créneaux ! ou je vous briserai les os avec ce gourdin.

Les hommes répondirent en rechignant qu’ils ne demandaient