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IVANHOÉ.

cette corde, seuls ordres religieux que j’aie jamais portés, sortez tranquillement du château, et laissez-moi votre manteau et votre ceinture ; je ferai le grand saut à votre place.

— Te laisser à ma place ? s’écria Cédric stupéfait de la proposition. Mais ils te pendraient, mon pauvre fou !

— Ils feront ce que Dieu leur permettra de faire, dit Wamba. J’espère que, sans déroger à votre dignité, le fils de Witless peut être pendu au bout d’une chaîne avec autant de gravité que son ancêtre l’alderman portait sa chaîne suspendue à son cou.

— Eh bien ! Wamba, reprit Cédric, j’accepte ton dévouement, mais à une condition, c’est que tu feras cet échange de vêtements avec lord Athelsthane et non avec moi.

— Non, de par saint Dunstan ! répondit Wamba, cela serait peu raisonnable. C’est à bon droit que le fils de Witless se sacrifie pour sauver le fils d’Hereward; mais il y aurait peu de sagesse à ce qu’il mourût pour le bien d’un homme dont les pères étaient inconnus des siens.

— Vilain ! s’écria Cédric, les pères d’Athelsthane étaient rois d’Angleterre.

— Cela est possible, répliqua Wamba ; mais mon cou est trop solidement attaché à mes épaules pour qu’il se laisse tordre à leur profit. C’est pourquoi, mon bon maître, prenez pour vous-même mon offre de service, ou laissez-moi quitter ce donjon aussi librement que j’y suis entré.

— Laisse périr le vieil arbre, continua Cédric, et que le jeune et majestueux espoir de la forêt soit sauvé ! Sauve le noble Athelsthane, mon fidèle Wamba. C’est le devoir de tous ceux qui ont du sang saxon dans les veines. Toi et moi, nous subirons ensemble la dernière vengeance de nos agresseurs malveillants, tandis que lui, libre et hors de danger, il relèvera le courage de nos compatriotes et les aidera à venger notre mort.

— Il n’en sera pas ainsi, père Cédric, s’écria Athelsthane