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IVANHOÉ.

Denis, de saint Duthoc, et de tous les autres saints, descende sur vous et autour de vous.

— Entre librement, dit Cédric au prétendu moine, et dis-moi dans quelle intention tu es venu ici.

— Pour vous dire de vous préparer à la mort, répondit le bouffon.

— À la mort ? C’est impossible, répondit Cédric en tressaillant ; tout audacieux et méchants que soient nos ennemis, ils n’oseraient commettre une aussi grande cruauté.

— Hélas ! reprit le bouffon, vouloir les retenir par un sentiment d’humanité, ce serait vouloir arrêter avec un brin de soie un cheval emporté. Rappelez-vous donc, noble Cédric, et vous aussi, vaillant Athelsthane, quels sont les crimes que vous avez commis ; car, ce jour même, vous serez sommés de répondre devant un plus auguste tribunal.

— Entends-tu cela, Athelsthane ? s’écria Cédric. Il faut armer nos cœurs contre cette dernière disgrâce, parce qu’il vaut mieux mourir en hommes que de vivre en esclaves !

— Je suis prêt, répondit Athelsthane, à supporter tout ce que leur malice peut inventer de plus odieux, et je marcherai à la mort avec autant de calme et de sang-froid que si je me rendais à un festin.

— Prépare-nous donc à remplir nos saints devoirs, mon père, dit Cédric.

— Attendez encore un moment, mon oncle, dit le bouffon de sa voix naturelle ; il faut regarder à deux fois avant de faire le saut périlleux.

— Par ma foi ! s’écria Cédric, je connais cette voix.

— C’est celle de votre fidèle esclave et bouffon, répondit Wamba en rejetant en arrière son capuchon. Si vous aviez suivi le conseil d’un fou, vous ne seriez pas ici. Suivez l’avis d’un fou maintenant, et vous n’y resterez pas longtemps.

— Que veux-tu dire, drôle ? s’écria le Saxon.

— Ceci seulement, reprit Wamba : prenez ce froc et