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IVANHOÉ.

quand c’eût été Apollon lui-même, n’eût pu inspirer un orgueil et une résolution aussi indomptables. Mais où est Front-de-Bœuf ? Ce cor retentit avec un son de plus en plus perçant.

— Il s’occupe de ses négociations avec le juif, je présume, répliqua froidement de Bracy. Il est probable que les hurlements d’Isaac auront étouffé le son du cor. Tu dois savoir par expérience, Brian, qu’un juif qui se défait de ses trésors, à des conditions semblables à celles que notre ami Front-de-Bœuf est capable de lui offrir, doit pousser des lamentations assez bruyantes pour étouffer les fanfares de vingt cors et de vingt trompettes. Mais nous allons le faire appeler par des vassaux.

Front-de-Bœuf les rejoignit bientôt. Il avait été interrompu dans sa cruauté tyrannique, ainsi que le lecteur le sait déjà, et n’avait tardé à venir que pour donner quelques ordres indispensables.

— Voyons la cause de ce bruit maudit ! s’écria Front-de-Bœuf. Voici une lettre, et, si je ne me trompe, elle est écrite en saxon.

Il la regarda en la tournant et retournant dans ses mains, et comme s’il avait réellement quelque espoir d’arriver à en connaître le contenu en changeant la position du papier. Puis il la présenta à de Bracy.

— Ce sont, pour ce que j’y comprends, des caractères magiques, dit de Bracy, lequel avait sa bonne part de l’ignorance qui caractérisait la chevalerie de l’époque. Notre chapelain a voulu m’enseigner à écrire ; mais toutes mes lettres avaient la forme de pointes de lance et de lames d’épée, si bien que le vieux tonsuré finit par renoncer à la tâche.

— Donne-moi cette lettre, s’écria le templier ; nous tenons assez du caractère clérical pour avoir des connaissances suffisantes pour éclairer Notre Valeur.

— Faites-nous donc profiter de votre très révérend savoir, reprit de Bracy ; que dit cet écrit ?