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IVANHOÉ.

XXV

Lorsque le templier entra dans la grande salle du château, de Bracy s’y trouvait déjà.

— Votre amour, dit de Bracy, a été troublé, je le suppose, ainsi que le mien, par cette sommation fanfaronne ; mais vous êtes revenu de votre entrevue plus tardivement et plus à regret, d’où je présume qu’elle a été plus agréable que la mienne.

— Votre déclaration a donc été faite sans succès à l’héritière saxonne ? dit le templier.

— Par les reliques de saint Thomas Becket ! répondit de Bracy, il faut que lady Rowena ait entendu dire que je ne puis supporter la vue d’une femme en pleurs.

— Bah ! dit le templier, toi un chef de compagnie franche, tu te soucies des larmes d’une femme ! Quelques gouttes d’eau répandues sur la torche de l’Amour ne font que raviver l’éclat de sa flamme.

— Grand merci de tes quelques gouttes ! répliqua de Bracy, mais cette damoiselle a versé autant de larmes qu’il en faudrait pour éteindre un phare. On n’a jamais vu des mains se tordre de telle sorte, et verser un tel déluge de larmes depuis les jours de sainte Niobé[1], dont le prieur Aymer nous a parlé. Le démon des eaux s’est emparé de la belle Saxonne.

— Une légion de démons s’est emparée du cœur de la juive, répliqua le templier ; car je pense qu’un seul démon,

  1. Je voudrais que le prieur leur eût appris aussi dans quel temps Niobé fut canonisée. Ce fut sans doute à cette époque éclairée où le dieu Pan a prêté à Moïse sa flûte païenne.