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IVANHOÉ.

espoir de s’échapper ; mais elle vit bientôt qu’elle ne communiquait avec aucune partie des créneaux ; ce n’était qu’un balcon isolé, garanti comme à l’ordinaire par un parapet, avec des embrasures près desquelles quelques archers pouvaient se placer pour défendre la tourelle et protéger de leur tir ce côté du château.

Il n’y avait donc d’autre ressource que le courage passif et une ferme confiance dans le Ciel, naturels aux cœurs grands et généreux.

Rébecca, bien qu’elle n’eût appris qu’à interpréter d’une manière erronée les promesses de l’Écriture envers le peuple choisi de Dieu, ne se trompait pas en supposant que l’heure présente était celle de leurs épreuves ; elle espérait que les enfants de Sion seraient un jour appelés indistinctement à partager le bonheur des gentils. En attendant, tout ce qui l’entourait annonçait que leur état actuel était celui du châtiment et de l’épreuve, et qu’il était de leur devoir spécial de souffrir sans murmurer. Élevée ainsi à se considérer comme la victime du malheur, Rébecca avait réfléchi de bonne heure sur sa propre condition, et avait forcé son esprit à braver les dangers qu’elle devait probablement rencontrer.

La prisonnière trembla toutefois et changea de couleur en entendant retentir un pas sur l’escalier, et quand la porte de la tourelle, s’ouvrant lentement, laissa pénétrer un homme de grande taille, vêtu comme un de ces bandits à qui elle attribuait ses malheurs. Il ferma la porte derrière lui.

Son bonnet, enfoncé jusqu’aux sourcils, cachait le haut de son visage, et il tenait son manteau de manière à en couvrir le reste.

Ainsi déguisé, comme s’il eût médité l’exécution de quelque acte dont la seule pensée le rendait honteux, il se tenait debout devant la prisonnière alarmée. Cependant, bien que son aspect annonçât un bandit, il semblait incapable d’exprimer dans quel but il était venu ; de sorte que