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néant, aussi promptement que la nature le permettra, dit l’ermite, pendant que je vais serrer ces pots d’étain, dont le contenu travaille assez agréablement ma pauvre tête. Et, pour amoindrir ce bruit, car à la vérité je suis quelque peu étourdi, entonne l’air que tu m’entendras chanter, sans t’inquiéter des paroles, car je les connais à peine moi-même.

En disant cela, il attaqua d’une voix de tonnerre le De profundis clamavi, et, à l’aide de ce bruit, il put serrer les reliefs de leur banquet ; tandis que le chevalier, riant de grand cœur et s’armant en même temps, accompagnait le chant de son hôte de sa voix, autant que le rire le lui permettait.

— Quelles matines diaboliques dites-vous à cette heure ? dit une voix du dehors.

— Que le Ciel vous pardonne, sire voyageur ! dit l’ermite, que son propre bruit et peut-être ses libations nocturnes empêchaient de reconnaître des accents qui lui étaient familiers ; que le Ciel vous pardonne ! Continuez votre chemin, au nom de Dieu et de saint Dunstan ! et n’interrompez pas mes dévotions et celles de mon saint frère.

— Fou de prêtre, répondit la voix du dehors, ouvrez à Locksley !

— Tout est bien ! tout est bien ! dit l’ermite à son compagnon.

— Mais qui est-ce ? dit le chevalier noir. Il m’importe beaucoup de le savoir.

— Qui c’est ? répondit l’ermite. Je dis que c’est un ami.

— Mais quel ami ? répondit le chevalier. Il peut être ton ami et non pas le mien.

— Quel est cet ami ? reprit le clerc. Cela est une question qu’il est plus facile de faire que d’y répondre. Quel ami ? Eh bien ! j’y songe, c’est Edmond, le garde de qui je t’ai parlé tout à l’heure.

— Garde aussi honnête que tu es pieux ermite, répliqua