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IVANHOÉ.

— Il marche sur Watling-Street pour surveiller le prieur de Jorvaulx.

— Cela est bien avisé aussi, dit le capitaine. Et où est le frère ?

— Dans sa cellule.

— Je vais m’y rendre, dit Locksley. Dispersez-vous et rassemblez vos camarades. Réunissez le plus de monde que vous pourrez, car il y a du gibier levé ; il faut le poursuivre sans relâche, et il montrera les dents. Attendez-moi ici au point du jour. Mais, un moment, ajouta-t-il, j’oublie le plus essentiel. Que deux d’entre vous prennent vite la route de Torquilstone, le château de Front-de-Bœuf ; une bande d’étourneaux portant les mêmes habits que nous y transportent des prisonniers. Veillez bien sur eux, car, même s’ils atteignaient le château avant que nous eussions réuni nos forces, il irait de notre honneur de les punir, et nous en trouverions bien les moyens. Surveillez-les donc très strictement, et détachez un de vos camarades, le plus leste à la course, pour apporter des nouvelles des yeomen qui se trouvent dans le voisinage.

Ils promirent une entière obéissance, et partirent avec empressement pour exécuter leurs différentes commissions.

Pendant ce temps, leur chef et ses deux compagnons, qui maintenant le regardaient avec infiniment de respect, poursuivirent leur chemin vers la chapelle de Copmanhurst.

Ayant atteint la petite clairière éclairée par la lune, ils eurent devant eux la chapelle révérée, quoique en ruine, et le grossier ermitage qui convenait si bien à la dévotion ascétique du moine qui l’habitait ; alors Wamba dit tout bas à Gurth :

— Si c’est ici l’habitation d’un voleur, il justifie le vieux proverbe : « Plus on est près de l’église, plus on est loin de Dieu. » Et, par ma crête de coq ! ajouta-t-il, je pense qu’il en est ainsi. Écoutez seulement ce noir Sanctus qui se chante à l’ermitage.

En effet, l’anachorète et son commensal entonnaient, en