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IVANHOÉ.

apparut tout à coup et leur ordonna de ne pas bouger. D’après sa mise et ses armes, Wamba conjectura que c’était un de ces outlaws qui avaient attaqué son maître. Mais, bien qu’il ne portât pas de masque, le baudrier étincelant qui pendait à son épaule et le riche cor de chasse qu’il supportait, ainsi que l’expression calme et majestueuse de sa voix et de son maintien, lui fit, malgré l’obscurité, reconnaître Locksley, le yeoman qui avait été vainqueur avec des conditions si désavantageuses dans le concours pour le prix de l’arc.

— Que signifie tout ceci ? dit-il, et qui est-ce qui s’avise de dépouiller, de rançonner et de faire des prisonniers dans cette forêt ?

— Vous pouvez voir leurs habits là-bas, dit Wamba, et reconnaître si ce sont ceux de vos enfants ou non ; car ils ressemblent au vôtre comme une cosse de pois ressemble à une autre cosse.

— Je veux m’en assurer sur-le-champ, répondit Locksley, et je vous ordonne, au péril de votre vie, de ne pas bouger de l’endroit où vous êtes jusqu’à mon retour ; obéissez, cela n’en vaudra que mieux pour vous et vos maîtres. Attendez ! il faut que je me rende aussi semblable que possible à ces hommes.

En disant cela, il déboucla son baudrier avec le cor de chasse, ôta une plume de son bonnet, et donna le tout à Wamba ; ensuite il tira de sa poche un masque noir, et, leur réitérant l’ordre de rester tranquilles, il alla mettre à exécution son plan de reconnaissance.

— Faut-il rester ici, Gurth ? dit Wamba, ou faut-il jouer des jambes ? Dans ma folle pensée, il avait trop la mine d’un voleur pour être un honnête homme.

— Que ce soit le diable, dit Gurth, si ça lui plaît, nous ne perdrons rien à attendre son retour. S’il appartient à ces brigands, il leur aura déjà donné l’alarme, et nous ne gagnerions rien à combattre ou à nous sauver. De plus, j’ai dernièrement éprouvé par expérience que les voleurs fieffés