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IVANHOÉ.

— Je te promets, répondit de Bracy, que ce sera l’ouvrage de quelques heures seulement ; après quoi, je serai à York à la tête de mes vaillants compagnons, aussi prêt à soutenir un dessein hardi que ta politique l’est à le concevoir. Mais j’entends mes camarades qui s’assemblent, et les coursiers qui piétinent et hennissent dans la cour extérieure. Adieu, je vais, en vrai chevalier, gagner les sourires de la beauté.

— En vrai chevalier ! répéta Fitzurze en le suivant des yeux ; en vrai sot, aurais-je dit, ou comme un enfant qui quitte l’occupation la plus sérieuse et la plus nécessaire pour courir après le duvet du chardon qui voltige autour de lui. Mais c’est avec de pareils instruments qu’il faut que je travaille, et au profit de qui ? Au profit d’un prince aussi imprudent que libertin, et aussi disposé à être maître ingrat qu’il s’est déjà montré fils rebelle et frère dénaturé. Mais lui, lui encore, il n’est qu’un des instruments avec lesquels je travaille, et, malgré son orgueil, s’il songeait à séparer ses intérêts des miens, c’est un secret qu’il ne tarderait pas à apprendre.

Les méditations de l’homme d’État furent ici interrompues par la voix du prince, s’écriant d’un appartement intérieur :

— Noble Waldemar Fitzurze !

Et, le bonnet à la main, notre futur chancelier (car l’astucieux Normand aspirait à cette haute dignité) se hâta d’aller recevoir les ordres du futur souverain.


XVI

Le lecteur ne saurait avoir oublié que l’événement du tournoi fut décidé par les efforts d’un chevalier inconnu,