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IVANHOÉ.

flèche fixée sur la corde. Enfin, faisant un pas en avant, et, élevant l’arc de toute la longueur de son bras gauche jusqu’à ce que le centre où la flèche touche la corde se trouvât au niveau de sa figure, il tendit la corde jusqu’à son oreille ; la flèche siffla en fendant l’air, et alla se fixer dans le cercle intérieur de la cible, mais non pas exactement au centre.

— Vous n’avez pas fait la part du vent, Hubert, lui dit son adversaire en bandant son arc ; sans quoi, ce coup-là eût été meilleur.

En disant ces mots et sans montrer la moindre inquiétude sur le résultat, Locksley se plaça au poste et lança sa flèche aussi nonchalamment en apparence que s’il n’avait pas même regardé le but.

Il parlait encore presque au moment où sa flèche partit, et cependant elle se fixa dans le but, à deux pouces plus près du point central que celle d’Hubert.

— Par la lumière du ciel ! cria le prince Jean à Hubert, si tu permets à ce renégat de te vaincre, tu es digne de la potence.

Hubert n’avait que la même phrase formulée pour toutes les occasions.

— Si votre Altesse veut me pendre, dit-il, elle en a le pouvoir, mais un homme ne peut faire que de son mieux. Cependant mon grand-père a bandé un bon arc…

— Que le diable emporte ton grand-père et toute sa génération, interrompit Jean ; tire, mauvais drôle, et fais de ton mieux, ou cela te coûtera cher.

Ainsi exhorté, Hubert reprit sa place, et cette fois, faisant son profit de l’avertissement qu’il avait reçu de son adversaire, il fit la part d’une petite brise qui venait de s’élever, et visa avec tant de bonheur, que sa flèche pénétra dans le centre même de la cible.

— Hubert ! Hubert ! s’écria la populace, qui portait plus d’intérêt à un personnage connu qu’à un étranger. Dans le bouton ! dans le bouton ! Vive Hubert !