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IVANHOÉ.

et si, en outre, Votre Grâce serait satisfaite que le troisième prix fût gagné par un homme qui, involontairement, a encouru son déplaisir.

Le prince Jean rougit en faisant la question suivante :

— Quel est ton nom, yeoman ?

Locksley, répondit le yeoman.

— Eh bien ! Locksley, dit le prince Jean, tu tireras à ton tour, quand ces yeomen auront déployé leur adresse. Si tu emportes le prix, j’y ajouterai vingt nobles ; mais, si tu perds, tu seras dépouillé de ton habit de drap vert de Lincoln et chassé de la lice à coups de corde d’arc, comme fanfaron, babillard et insolent.

— Et si je refuse de tirer à ces conditions ?… demanda le yeoman. Le pouvoir de Votre grâce, soutenu comme il l’est par tant d’hommes d’armes, peut certainement me dépouiller et me battre sans peine, mais il ne peut me forcer de bander mon arc et de tirer une flèche.

— Si tu refuses notre offre équitable, dit le prince, le prévôt de la lice coupera la corde de ton arc, brisera ton arc et tes flèches, et te chassera de notre présence comme un lâche dont le cœur a failli.

— Ce n’est plus une chance égale que vous m’imposez, prince, dit le yeomanen m’obligeant ainsi à lutter contre les meilleurs archers de Leicester et de Stafford, sous peine d’infamie s’ils sont mes maîtres ; néanmoins, je ferai selon votre plaisir.

— Veillez sur lui, hommes d’armes ! dit le prince Jean ; son cœur faiblit, je crains qu’il ne veuille se soustraire à l’épreuve. Et, quand à vous, mes braves, tirez bien et hardiment : un daim et un muid de vin vous attendront sous la tente, là-bas, quand les jeux seront terminés.

Une cible fut placée à l’extrémité de l’avenue méridionale conduisant à la lice. Les archers inscrits se portèrent à la file au fond de l’ouverture du midi, la distance entre ce poste et le but laissant un intervalle assez grand pour ce qu’on appelait un tir au hasard. Les archers, ayant au préa-