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IVANHOÉ.

qui, des deux côtés, s’étant avoués vaincus, avaient été repoussés aux extrémités de la lice, ou bien étaient déclarés hors d’état de continuer la lutte, le templier et le chevalier Déshérité se rencontrèrent à la fin face à face, animés de toute la fureur qu’une aversion mortelle et une rivalité de gloire peuvent inspirer à deux adversaires.

Telle était l’adresse de chacun d’eux à parer et à porter des coups, que les spectateurs éclatèrent en un cri involontaire et unanime pour exprimer leur admiration et leur plaisir. Mais, en ce moment, le parti du chevalier Déshérité succombait. Le bras gigantesque de Front-de-Bœuf sur un des flancs de la bataille, et la vigueur massive d’Athelsthane de l’autre, renversaient et dispersaient tous ceux qui se trouvaient à portée de leurs coups.

Débarrassés de leurs adversaires immédiats, il paraîtrait que la même pensée se présenta en même temps à ces deux guerriers, que ce serait rendre un service décisif à leur parti en aidant le templier à combattre son rival. Au même moment alors, détournant chacun son cheval, le Normand se précipita contre le chevalier d’un côté et le Saxon de l’autre. Il eût été complètement impossible que le chevalier Déshérité soutînt cet assaut aussi inégal et inattendu, s’il n’eût été averti par un cri général des spectateurs, qui ne purent s’empêcher de s’intéresser à un guerrier exposé à un si grand désavantage.

« Gare à vous ! gare à vous, chevalier Déshérité ! » cria-t-on si universellement, que le chevalier s’aperçut du danger qu’il courait.

Et, portant un coup terrible en pleine figure au templier, il fit reculer aussitôt son coursier, et par ce mouvement, évita la charge simultanée d’Athelsthane et de Front-de-Bœuf.

Or, ces chevaliers, trompés dans leur but et partis de côtés opposés, s’élancèrent entre le but de leur attaque et le templier, leurs chevaux se touchant presque avant qu’ils pussent arrêter leur course.