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IVANHOÉ

Une forte garde d’hommes d’armes, relevée par intervalles et de deux heures en deux heures, fut placée autour de l’arène et y resta jusqu’au lever du soleil.


X


Le chevalier Déshérité n’eut pas plus tôt regagné son pavillon, que les écuyers et les pages vinrent lui offrir leurs services pour le désarmer, lui apprêter des habits de rechange, et l’engager à prendre un bain. Leur zèle en cette circonstance était peut-être aiguisé par la curiosité ; car chacun désirait savoir quel était ce chevalier qui avait moissonné tant de lauriers et qui, cependant, avait refusé, même sur l’ordre du prince Jean, de lever sa visière et de décliner son nom. Mais l’officieuse curiosité des pages ne fut pas satisfaite. Le chevalier Déshérité refusa ces offres d’aide, excepté celles de son propre écuyer ou yeoman, homme d’un aspect rustique, qui, enveloppé d’un manteau de feutre foncé, la tête et la figure à moitié cachées sous un bonnet de fourrure noire, paraissait rechercher l’incognito aussi bien que son maître.

Tous les autres ayant été exclus de la tente, ce serviteur débarrassa le chevalier des pièces les plus lourdes de son armure, et plaça devant lui des mets et du vin, que les fatigues de la journée rendaient très-nécessaires.

Le chevalier avait à peine terminé son court repas, que son domestique lui annonça que cinq hommes, conduisant chacun un coursier barbe, désiraient lui parler. Le chevalier Déshérité avait échangé son armure contre une robe longue, portée habituellement par ceux de sa condition, et garnie d’un capuchon qui cachait les traits, quand tel était le plaisir du porteur, presque aussi complètement que la vi-