Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
IVANHOÉ

de casques étincelants et de longues lances, au bout desquelles on voyait souvent de petites banderoles de la largeur environ d’une main, et qui, agitées par la brise, se mêlaient aux ondulations des panaches et ajoutaient à la vivacité du spectacle.

Enfin on ouvrit les barrières, et cinq chevaliers désignés par le sort s’avancèrent dans l’arène. Un de ces champions précédait les quatre autres chevauchant deux à deux. Ils étaient tous splendidement armés, et mon autorité saxonne (le manuscrit de Wardour) rapporte en détail leurs devises, leurs couleurs, et les broderies de leurs harnais.

Il est inutile de nous étendre sur ce sujet.

Pour emprunter quelques lignes à un auteur contemporain qui a écrit trop peu, nous dirons :

« Les chevaliers sont de la poussière, leurs brunes épées sont rouillées, et leurs âmes sont avec les saints, nous l’espérons[1]. »

Leurs écussons ont dépéri sur les murs de leurs châteaux, qui, eux-mêmes, ne sont plus qu’un amas de gazon et de ruines poudreuses. Les lieux où ils vivaient autrefois les ont oubliés. Plus d’une race, depuis la leur, s’est éteinte et est tombée dans l’oubli, dans les terres mêmes qu’ils possédaient avec toute l’autorité et des maîtres et des seigneurs féodaux. Donc, à quoi bon faire connaître aux lecteurs leurs noms ou les emblèmes fugitifs de leur rang comme guerriers ! »

Maintenant, sans se douter de l’oubli qui attendait leurs noms et leurs actions, les champions s’avançaient dans la lice, contenant leurs coursiers fougueux, les obligeant d’aller au pas, et les faisant caracoler pour montrer en même temps la grâce et l’adresse de leurs cavaliers.

  1. Ces lignes font partie d’un poëme inédit de Coleridge, dont la muse nous taquine si souvent avec des fragments qui indiquent sa puissance, tandis que la manière dont elle les prodigue trahit son caprice ; cependant, ces esquisses inachevées prouvent plus de talent que les chefs-d’œuvre des autres.