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j’arrête mon élan. Rappelez-moi au souvenir de votre femme, du docteur Karus à qui j’ai écrit et qui ne m’a pas encore répondu ; de M. Probst qui m en veut, avec juste raison, lui que je tiens en si haute estime ; de Mlle Reichold qui, je l’espère, est fiancée. À vous, très honoré maître, l’assurance de mon profond respect.

Robert Schumann.
À sa mère
Heidelberg, 11 novembre 1829.
Chère mère aimée,

J’ai reçu ton exquise lettre à l’heure du crépuscule ; — celle que je préfère à toutes les autres heures du jour, — juste au moment où Rosen entrait. Et quand je la lui ai lue, il m’a dit avec une dignité joyeuse : « Tu peux être fier d’avoir une pareille mère !» « Rosen, — lui répondis-je — nous devons supporter bien des épreuves dans cette vie avant de pouvoir écrire, avec ce calme et cette sérénité, une lettre semblable, dictée par un esprit qui plane déjà au-dessus de la vie et des hommes. » La chaude et vivante poésie de la fin compléta notre joie, et pendant toute la soirée, nous nous entretînmes de toi et de grands esprits : finalement, je lui relus toutes tes lettres qui sont également belles en esprit, en dignité., en caractère et en style.

Avant de m’asseoir pour t’écrire, j’ai évoqué l’image du foyer natal, et, avec la rapidité de l’éclair, je me suis vu dans ma petite chambre verte au fond de la