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LA MORALE DE FICHTE.

met pas au-dessus[1]. Aussi son exemple a-t-il fait surgir tous ces personnages, inspirés du même esprit, et que le succès a pareillement couronnés, ses successeurs dans l’art de mystifier philosophiquement le public allemand : chacun les connaît, et ce n’est pas le lieu ici d’en parler plus au long, bien que leurs opinions respectives ne cessent pas d’être amplement exposées et gravement discutées par les professeurs de philosophie : comme si en eux, on avait sérieusement affaire à des philosophes ! C’est donc Fichte qu’il faut remercier, si des documents lumineux existent aujourd’hui, prêts pour le jour de la révision du procès, devant le tribunal de la postérité, cette cour de cassation des jugements des contemporains, et qui, presque en tous les temps, a dû faire pour le véritable mérite ce que le jugement dernier fera pour les saints.


  1. Voici, à l’appui, un passage tiré d’un livre très-récent. M. Feuerbach, un hégélien [c’est tout dire : en français dans le texte (TR.)], a dans son livre intitulé P. Bayle, Contribution à l’histoire de la philosophie, 1838, 80 p., été jusqu’à dire : « Plus sublimes encore que les idées de Kant sont celles de Fichte, telles qu’il les a exprimées dans sa Doctrine des Mœurs, et çà et là dans ses autres ouvrages. Le christianisme n’a rien qui pour le sublime puisse être mis à côté des idées de Fichte. »