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LE FONDEMENT DE LA MORALE.

est si rude, la Société entretient un couple de chevaux qui prêtent leur renfort pour rien aux voitures lourdement chargées. N’est-ce pas là un beau trait ? N’emporte-t-il pas notre approbation aussi bien que le ferait un acte de bienfaisance envers des hommes ? De son côté, la Philanthropic Society, à Londres, a proposé un prix de 30 livres sterling, pour l’ouvrage où seraient le mieux exposées les raisons de morale propres à nous détourner de tourmenter les animaux : il est vrai qu’il fallait emprunter ces raisons surtout au christianisme, ce qui ne rendait pas la tâche facile : le prix fut attribué en 1839 à M. Macnamara. Il existe à Philadelphie une société qui a le même objet, l’Animals friends Society[1]. C’est au président de cette société que T. Forster, un Anglais, a dédié son livre intitulé Philozoia, moral reflections on the actual condition of animals and means of improving the same (Bruxelles, 1839)[2]. Le livre est original et bien écrit. Naturellement l’auteur, en bon Anglais, s’efforce d’appuyer de l’autorité de la Bible ses exhortations à l’humanité envers les bêtes[3], mais il

    imprime, à deux reprises, en gros caractères, les noms et prénoms de la jeune fille, et continue en ces termes : « Nous ne pouvons nous empêcher de le dire : deux mois de prison, sans compter quelques bons coups de verges, appliqués dans le secret, mais par quelques solides gaillardes du Hampshire, auraient été un châtiment beaucoup plus convenable pour Miss N.N. Une malheureuse de son espèce a perdu tous les droits aux égards et tous les privilèges qui appartiennent à son sexe ; nous ne pouvons plus la regarder comme une femme. » — Je dédie ces articles de journaux en particulier aux associations qui se sont déjà formées en Allemagne contre les mauvais traitements infligés aux animaux : elles y verront comment il faut s’y prendre si l’on veut compter pour quelque chose. Toutefois je dois ici payer un juste hommage au zèle méritoire dont fait preuve M. Perner, conseiller de la cour à Munich, qui s’est dévoué entièrement à cette œuvre de bienfaisance, et qui propage ce même élan dans toute l’Allemagne.

  1. La Société des Amis des animaux. (TR.)
  2. L’amour des animaux, considérations morales sur la condition présente des bêtes, et les moyens de l’améliorer. (TR.)
  3. L’expression est dans le texte : « Menschliche Behandlung der Thiere. » (TR.)