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des démonstrations du principe

est demonstratio), avec quoi l’on peut comparer Analyt. post., I, 3. Car toute preuve consiste à remonter à quelque chose de reconnu, et si de ce connu, quel qu’il soit, nous demandons toujours la preuve, nous finirons par arriver à certains principes, qui expriment les formes et les lois, et par suite les conditions de toute pensée et de toute connaissance, et dans l’emploi desquels consiste par conséquent toute pensée et toute connaissance ; de manière que la certitude n’est autre chose que la concordance avec ces principes et que leur propre certitude ne peut pas découler à son tour d’autres principes. J’exposerai dans le cinquième chapitre de quelle nature est la vérité de tels principes.

Chercher une preuve au principe de la raison surtout est en outre un non-sens tout spécial, qui témoigne d’un manque de réflexion. En effet, toute preuve est l’exposé de la raison d’un jugement énoncé qui reçoit par là même la qualification de vrai. Le principe de la raison est précisément l’expression de cette nécessité d’une raison pour tout jugement. Demander une preuve de ce principe, c’est-à-dire l’exposé de sa raison, c’est l’admettre par là même à l’avance pour vrai ; bien plus, c’est baser sa prétention précisément sur cette présupposition. On tombe ainsi dans ce cercle vicieux d’exiger une preuve du droit d’exiger une preuve.