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tâcherons de fréquenter un peu plus souvent avec les Dumortier. Il ne faut pas oublier que ton trousseau est prêt et qu’il jaunit sur une planche de l’armoire à linge. Sitôt que tu te seras définitivement décidée, nous penserons aux fiançailles.

Émerance. — Vous êtes donc bien pressés de vous débarrasser de moi ?

Madame. — Pas du tout, mais toutes les jeunes filles de ton âge doivent se marier, puisque c’est la mode. Qu’est-ce qu’on dirait donc, dans nos amis, si à vingt ans tu n’avais pas encore de galant ?…

Monsieur (se levant de table). — Et puis, il y a une autre raison que ta mère laisse de côté. Tous ces cafés et ces réceptions, ça coûte les yeux de la tête aux parents. La pharmacie avait du bon jadis, mais aujourd’hui on doit lutter contre les spécialités, sur lesquelles on ne gagne presque plus rien et contre les Populaires qui se rattrapent sur la quantité…

Émerance. — Alors, vous ne vous opposez pas à ce que je me laisse courtiser par Monsieur Jean ?

Madame. — Nous t’autorisons, Émerance. Mais, crois-en mon expérience, souris tout de même un peu à l’autre, si quelquefois tu ne pouvais avoir le premier…