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rue. Que reproches-tu au fils Ramelin ? Il est d’une élégance…

Monsieur. — Ce que j’admire le plus, moi, c’est cette belle ligne qu’il se fait sur la tête, au milieu, comme chez les Américains. On dirait qu’il sort toujours de chez le coiffeur…

Émerance. — C’est un blond, papa, et je n’aime que les noirs. Dans toutes mes romances, le pauvre chevalier est toujours un grand noir avec des crolles qui flottent sur sa cuirasse…

Madame (piquée et piquante). — C’est bien : tu n’auras plus de romances pareilles, elles sont insipides. C’est encore une idée de ton père, celle-là. Moi, je préfère les cheveux bien en ordre, Émerance, parce l’ordre, vois-tu, eh bien, l’ordre… quand on en a pour une chose, on en a pour toutes.

Émerance. — Monsieur Hector a l’air d’être tombé la tête la première dans un flacon d’huile antique.

Madame (suffoquée). — Émerance, vous manquez de respect à votre mère.

Monsieur. — D’abord, on ne dit pas huile antique, en français, mais du macassar… c’est pour cela qu’on dit un anti-macassar… (Changeant de ton.) Maria, passe-moi les oignons.

Madame. — Soit ; puisqu’il en est ainsi, nous