Monsieur. — En musique, si tu le veux. Je l’entends depuis une heure que je suis rentré, la musique, Eh bien, je vais te dire : je préférais encore les gazouillis de Mademoiselle Émerance.
Madame. — Tu y viens, enfin. Les Brayant doivent être riches, car dans la pharmacie on gagne du deux cents pour cent. La leur est bien achalandée.
Monsieur. — Oh ! certes, ce n’est pas toi qui leur fera vendre, aux Brayant, des paquets contre la fièvre lente ! Eh bien, oui, c’est vrai, les émaillés nous font une concurrence terrible, malgré l’appendicite et malgré nous. Nos fers-blancs tombent chaque jour de plus en plus et nous mangeons nos économies. Nous irons peut-être où tu dis, mais, saperlipopette, est-ce ma faute et veux-tu qu’à mon âge je me fasse épicier pour vendre de la couque de Verviers et peser du sucre de pot ?
Madame. — C’est entendu. Tu as fait tes preuves et elles sont plus que concluantes ; mais pourquoi notre Jean s’entête-t-il à ne pas vouloir de Mademoiselle Émerance ?
Monsieur. — Je n’en suis partisan, moi aussi, qu’à demi. Il nous faudrait avouer à nos amis notre situation d’argent. Je suis beaucoup plus vieux que Brayant ; crois-tu que ce soit de gaîté de cœur que