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et dévouement, pour ensuite souffler la haine contre eux ! Évidemment c’est impossible. Et ces nombreux citoyens qui ont mis la fraternité en pratique au péril de leur vie, auprès desquels on n’a trouvé que secours et protection lorsqu’on s’attendait à ne trouver qu’hostilitè et danger, ne sont-ce pas les nègres et les sang-mêlés que l’on représente à cette heure comme « des Africains éclairant par l’incendie des tueries inconnues parmi les hordes qui habitent les contrées les plus sauvages[1]. »

À la Guadeloupe, grâce au ciel, aucun événement funeste ne vint troubler la paix publique ; mais les hommes de couleur s’y sont-ils montrés hostiles aux colons ? Ont-ils mal employé leur grande influence sur les affranchis ? Écoutons le procureur général d’alors, M. Bayle-Mouillard, en ce moment secrétaire général du ministère de la justice :

« Justice a été faite à tous. Les mulâtres, pour qui cette justice était presque une nouveauté, en ont gardé bon souvenir, et leur reconnaissance n’a pas été étrangère au maintien de l’ordre, quand la révolution républicaine est venue nous surprendre, presque sans forces, presque sans autorité, en face de

  1. Pétition des colons et négociants résidant au Havre.