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été remplies d’iniquité, et tu as péché… Ton cœur s’est enflé de ta beauté, et tu as perdu ta sagesse et ta gloire, et tu as été renversé sur la terre, et je t’ai donné en spectacle… Tu as souillé ta sainteté[1] », ta pureté, ta chasteté.

Ces paroles nous auraient mis sur la voie, si nous ne l’avions trouvée déjà dans le mot de la Genèse : « Vous serez comme des dieux ». Il est ainsi évident que l’acte sexuel des premiers hommes avait été perverti en principe et vicié dans son but par l’intention orgueilleuse de faire, comme on dit, pièce à Elohim et de s’admirer, de s’adorer, autre créateur, dans sa propre créature. Tant que l’homme avait été mâle et femelle à la fois, c’est-à-dire hermaphrodite, son penchant à s’adorer, manquant d’objet extérieur, n’avait pas trouvé à se satisfaire. Mais dès qu’il fut deux, et par suite trois, l’idolâtrie naquit à la réalité et eut ses coudées franches. Qu’il s’agisse d’idolâtrie en tout ceci, c’est ce dont on ne peut douter vu la définition du mot, qui signifie fornication par excellence[2]. En effet, l’idolâtrie, pour qui la pénètre bien, ne fait que répéter l’acte d’orgueil, tant d’esprit que de matière, dont nous entretient notre légende. Elle seule du reste fait pleinement comprendre pourquoi l’homme devint honteux. Ève, suivant une tradition musulmane, eut honte d’avoir fait tant d’enfants, et elle se cacha devant Dieu[3]. Elle eut honte d’une maternité qui, au lieu de réaliser ses pensées présomptueuses

  1. Ézéchiel, XXVIII, 13 sqq.
  2. V. Sapientia, XIV, 12 ; Jérémie, III, 2, 9 ; Ézéch., XVI, 5, 20 ; XXIII, 29 ; Osée, II, 2, 4 ; IV, 12 ; V, 4, et alibi pluries.
  3. V. W. Menzel, Etymol. Forschungen, I, 40.