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ou la figure éclairée par un sourire, qu’ils nous montrent les personnes de rang supérieur adresser la parole aux autres[1].

Le Rituel dit ensuite, çl. 124 : « Qu’on prononce à la fin du salut (qui est accompagné) du nom propre le son bhôs, car le sens de bhô est dit par les rischis le sens de la propre forme du nom

भोः शब्दं कीर्त्तयेदन्ते स्वस्य नाम्नोऽ भिवादने ।
नाम्नां स्वरूपभावो हि भोभाव ऋषिभिः स्मृतः ॥ १२४ ॥

de celui qui doit être salué » supplée le commentaire, d’après les rishis ou voyants antiques. De là résulte (c’est Kullûka qui donne cet exemple) la formule du salut : Je te salue, je suis Cùbhaçarmâ bhô !

Le mot bhô, qui, suivant un commentateur du Vrihad Aranyaka[2], ne s’adresse qu’à un brahmane, chose que Kullûka ne dit pas, mais qu’il fait entendre parle nom de Çûbhaçarmâ, nom exclusivement brahmanique ; le mot bhô reviendrait en français au titre d’éminence ou de révérend (vénérable). C’est une contraction de bhagavan, dont la forme plus ancienne est bhagavas. Tous ces mots, de même que bhavat, que nous verrons bientôt et qui est contracté de bhagavat, dérivent probablement de भू être, exister. Le saluant donnerait ainsi au salué une sorte de certification de vie ou de puissance de vie, ce qui, dans les idées indiennes, est sans doute aussi flatteur que l’assurance d’être « pénétré de lumière » que les titres de Erlaucht et de Durchlaucht donnent aux personnages auxquels on les adresse en Allemagne.

Le texte et le commentaire attribuent à bhô la qualité de

  1. Voy. p. ex., Bhag.-Gîta, II, 10 ; — Râm. I, 41, 5.
  2. Ap. Weber, Ind. Stud., II, 232.