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des mœurs. On le lit en effet chez Manu dans le livre II, qui, à vrai dire, est le livre Ier, puisqu’il est reconnu que le livre qui est actuellement le premier, est de rédaction de beaucoup postérieure au reste de l’ouvrage, ou, pour parler plus exactement, qu’il y a été ajouté après coup[1].

    térieur à l’influence grecque sur les doctrines indiennes, antérieur à l’expédition d’Alexandre peut-être, puisqu’on n’y trouve point encore quoi que ce soit qui ressemble à une doctrine astronomique. Une telle doctrine y serait cependant, comme elle est dans Yâdjnavalkya (cf. I, çl. 294 sqq.), à cause de l’importance sociale qu’elle a dans l’Inde sous forme d’astrologie. Au temps de la rédaction de Manu, les Hindous n’avaient donc pas déjà une astronomie, et l’on sait aujourd’hui, à n’en plus douter, par le Mémoire de M. Reinaud sur l’Inde d’après Albîrûnî, et par les profondes investigations de M. Alb. Weber (Zur Gesch. der ind. Astrologie, dans Indische Studien, II, 236 sqq. çl. 412 sqq. — Lassen, Indische Alterth., II, 1128) que l’astronomie indienne est d’origine grecque. D’ailleurs, les Hindous eux-mêmes le disent ; ils nomment généralement les Yavanas (Ioniens, Grecs), comme leurs maîtres en astronomie, et leur nomenclature astronomique est en partie composée de dénominations grecques. (Voy. le Horâçâstra de Varâhamihira I, 5, ap. Lassen, Zeitschrift für die Kunde des Morgent., IV, 305 ; — Weber, loc. c., p. 242, 254, 261, 414 ; — Akad. Vorlesungen, p. 225 sqq. — Voy. aussi Biot, The Oriental Aslronomer, dans le J. des Savants, juin 1859, p. 380 et alibi). Ainsi donc la rédaction du Mânavadharmaçâstra est postérieure au Buddha et contemporaine, il semble, à ces dynastes grecs qui, comme on sait, ont étendu, à certains moments, leur domination jusque dans la presqu’île du Guzzerat. En tout cas, il est certain que le code de Manu ne peut revendiquer une antiquité tant soit peu imposante.

  1. Il y aurait ici toute une dissertation à faire sur l’âge historique des divers monuments de la littérature indienne. Mais comme M. Max Muller s’en est chargé récemment dans son ouvrage : A History of ancient Sanskrit-Literature, London, 1839, nous pouvons y renvoyer. Remarquons seulement que la 1re période que le savant indianiste assigne à la diaskeuase des monuments védiques, les mantras, en la remontant à 1, 000 ans avant J.-C., est évidemment trop reculée. En effet, s’il est vrai comme on le pense généralement aujourd’hui, que l’écriture sanskrite est d’origine