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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

de leurs néophytes. On trouve mainte suggestion tendant à ce but, dans les livres sacrés tibétains, le Böddhimör, par exemple et l’histoire de Ssanang Ssetsen qui est pleine des miracles et prodiges accomplis par les premiers prêtres bouddhiques. On raconte que le premier exploit de Padma Sambhava fut la soumission du terrible démon qui voulait l’empêcher de pénétrer au Tibet. On dit que ses disciples ont tiré des leçons qu’il leur donna sur l’emploi des charmes le pouvoir d’accomplir les actes les plus extraordinaires[1]. Ainsi ils font obtenir de bonnes récoltes et autres choses semblables ; ils enseignent aux Tibétains quelques-uns des arts et des sciences pratiqués alors dans la civilisation plus avancée de la Chine et de l’Inde (d’où ils venaient) ; mais ils sont assez discrets pour attribuer leurs succès au pouvoir des images et des reliques de Sākyamouni.

Nous possédons beaucoup de faits positifs sur l’introduction du bouddhisme dans la partie orientale du Tibet, bien qu’ici encore l’histoire primitive soit enveloppée d’ombres et de fables. Les premières tentatives paraissent avoir donné des résultats très peu satisfaisants ; du moins le monastère fondé, à ce que l’on croit, en l’an 137 avant Jésus-Christ sur le versant de la chaîne de Kaibas, fut bientôt abandonné et tomba en ruines[2]. Les légendes attribuent la conversion des Tibétains au Dhyāni Bōdhisattva Avalokitesvara, fils céleste d’Amitābha, dont le Tibet est le pays d’élection. Beaucoup de souverains et de prêtres qui prirent une part active à la consolidation de la religion bouddhique dans ce pays sont regardés par les habitants comme des incarnations de ces deux personnes sacrées.

Voici quelques faits historiques qui se rattachent au bouddhisme[3].

En 371 avant Jésus-Christ, cinq étrangers apparaissent subitement devant

  1. Schmidt, Ssanang Ssetsen’s geschichte der Ostmongolen, p. 41, 43. 355. Comparez, Forschungen, p. 136.
  2. Lassen, Ind. Alterthumskunde, vol. II, p. 1072.
  3. Voyez la table chronologique de Csoma, extraite d’un livre historique écrit par Tisri, régent de Lhâssa en 1686. Dans les notes, Csoma ajoute de plus amples détails tirés d’autres livres. Voyez sa Grammaire, p. 181 et 198. Ssanang Ssetsen, Geschichte der Ostmongolen, aus dem Mongolischen übersetzt, von J.-J. Schmidt ; le chapitre iii traite de l’histoire du Tibet, de 407 à 1054. Les annotations de Ssanang Ssetsen contiennent des traductions du Bödhimör et autres livres mongols. Chronologie bouddhique, traduite du Mongol par Klaproth. Fragments bouddhiques, Nouveau Journal Asiatique, 1831. Les dates données par ces trois auteurs ne s’accordent pas jusqu’au onzième siècle ; à partir de cette époque, les catalogues de Csoma et de Klaproth sont d’accord, sauf une différence constante de deux ans qui provient de ce que l’une compte de l’ère tibétaine et l’autre emploie les années chinoises (Voyez chapitre xvi). Dans le texte, j’ai adopté les dates de Csoma, avec une seule exception pour la naissance