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LE BOUDDHISME AU TIBET

prend place dans aucun des quatre enfers ; le saint erre constamment et suivant les notions des Chinois ces migrations durent 80,000 kalpas, ou périodes d’une révolution mondaine.

Second chemin. — Celui qui est arrivé ici est appelé Sakridagamin, « celui qui naîtra encore une fois ». L’esprit de cet être est éclairé sur le sujet des trois doctrines que comprennent les Strotapatti ; de plus il est délivré du désir de l’attachement aux objets matériels et ne souhaite pas le malheur des autres. Il peut, ou suivre ce chemin dans le monde des hommes et ensuite naitre dans un monde de dieux, ou bien entrer dans le monde des dieux pour renaître ensuite dans celui des hommes. Il doit encore attendre 60,000 kalpas avant d’arriver à Nirvâna.

Troisième chemin. — Ici, l’élu, Auagamin, « celui qui ne naîtra plus », est affranchi des cinq erreurs déjà dépouillées par les Sakridagamins, et aussi des mauvais désirs, de l’ignorance, du doute et de la haine. Il peut entrer par connaissance visionnelle dans le monde des dieux et de là atteindre Nirvana ; mais il doit attendre 40,000 kalpas.

Quatrième chemin. — Celui-ci est le plus élevé des chemins de perfection, il est atteint par les Arhats, Arhants ou Archats, titre qui signifie qu’ils méritent de devenir membres des fidèles (Sanigha).

Dans la première période du bouddhisme le nom d’Arhat était donné à tous ceux qui s’étaient élevés à l’intelligence des quatre vérités. Mais une telle puissance d’esprit, disent les disciples d’Hinayana, ne peut être atteinte que par ceux-là seuls qui ont renoncé au monde, c’est-à-dire les prêtres ; ils sont donc les seuls qui jouissent de l’avantage d’entrer dans le quatrième chemin, avantage qui ne consiste en rien moins que l’émancipation de la renaissance et la possession de cinq facultés surnaturelles, ou abijnas. Rapporter de quelqu’un qu’il a « vu Nirvâna » revient à dire qu’il est devenu Arhat.

Sākyamouni n’est pas l’auteur de la restriction qui réserve Nirvâna au clergé ; il admet au contraire tous ses disciples aux grâces de sa loi[1].

À la première période du système Hinayāna la liste des différentes grada-

  1. J’aurai occasion, dans le chapitre sur le clergé tibétain, de revenir sur l’acceptation ou le rejet de ce dogme par les diverses écoles. Sur les Abhijnās, voyez Burnouf, Lotus de la bonne Loi, p. 820.