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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

rantes et remplies de mauvais desseins. Mais ému de compassion et réfléchissant néanmoins que beaucoup d’êtres le comprendraient et seraient délivrés par lui de l’existence, cause des peines et des chagrins, il se décida enfin à enseigner la loi qui lui avait été révélée[1]. Sâkyamouni mourut, suivant les écritures, après avoir atteint l’âge de quatre-vingts ans. La date que les livres sacrés assignent à cet événement varie considérablement ; les époques extrêmes qu’ils mentionnent étant l’an 2422 et 544 avant Jésus-Christ. Lassen, dans son étude de ces matières[2], donne la préférence à la littérature des bouddhistes du sud qui place sa mort en 544 ou en 543 avant Jésus-Christ. Westergaard, cependant, dans un récent essai sur ce sujet, croit même que sa mort a eu lieu de 370 à 378 avant Jésus-Christ, soit environ une génération avant qu’Alexandre le Grand montât sur le trône.


CHAPITRE II


développement graduel et situation actuelle de la religion bouddhique

Développement et déclin dans l’Inde. — Son extension dans diverses parties de l’Asie. — Comparaison du nombre des bouddhistes à celui des chrétiens.

À peine Sākyamouni commençait-il à enseigner sa nouvelle religion que déjà une foule nombreuse l’entourait. Son système avait un succès inouï à cause de sa simplicité et de l’abolition des castes ; le Bouddha répand les bénédictions dont il est le dispensateur aussi bien sur les plus hautes classes (brahmes) que sur les plus infimes. Déjà à sa mort le nombre des bouddhistes paraît être considérable, et environ au milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ sous le règne d’Asoka, sa religion commence à se répandre dans l’Inde entière. Elle continue à progresser ainsi pendant huit cents ans (jusqu’au cinquième siècle de notre ère) ; alors commence une violente persécution (à l’instigation

  1. Barthélemy Saint-Hilaire, le Bouddha et sa religion, p. 32.
  2. Lassen, Indische Alterthumskünde, vol. II, p. 51. Westergaard Ueber Buddha’s Todesjahn, traduction allemande, p. 94.