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LE BOUDDHISME AU TIBET

maladie ou de malheur attribué aux démons, le chef de la famille ou un Lama, si l’on est assez riche pour en prendre un, accompagné par la famille et les proches, fait le tour de la maison en dirigeant la pointe du Phourbou dans toutes les directions et en proférant des incantations à pleine voix.

La gravure sur bois ci-jointe, planche XXX, représente la disposition du Phourbou. Les deux caractères tibétains au centre de la figure sont ḍGra (prononcé Da), qui signifie « ennemi, » et bGegs (prononcé Geg), qui veut dire démon. La figure humaine placée entre les deux petits Phourbous est celle de Tamdin, en sanscrit Hayagriva. Tamdin est un Dragshed qui passe pour très empressé à protéger les hommes contre les démons. Un dordje sort de sa tête ; sous son menton est inscrite la syllabe mystique Ah.

Le rectangle long qui avoisine la tête, et l’hexagone, contiennent un Dharāni répété plusieurs fois, qui menace « les démons qui habitent au-dessus de la terre. » Les Dharānis du second rectangle sont dirigés contre le Geg qui habite l’est, Shar ; celui qui habite le sud-est, Sharlho ; et le sud, Lho. Les Dharānis placés à la jonction du triangle et au commencement de la première grande ligne dans la partie triangulaire, éloignent les démons, du sud-est, Lhonab. Chaque Dharāni se termine par les mots « détruire, réduire en ruines ». Les Dharānis sont sanscrits, écrits en caractères tibétains.

Sur les manches des deux petits Phourbous est inscrite la syllabe mystique houm.

Les autres charmes inscrits dans le triangle commencent par « Ah Tamdin », manière mystique d’implorer ce dieu. Ils écartent les démons qui habitent le nord-est, Noubjoung, le nord, Jang, et les autres quartiers du monde[1] ; et il est déclaré que ceux qui portent ce Phourkha[2], « Phourbou tranchant », sont protégés contre tous malheurs provenant de ces quartiers. Tous ces Dharānis sont sanscrits ; comme beaucoup d’autres charmes, ils ne peuvent se traduire littéralement. Ils se terminent par les syllabes houm et phat ; c’est le charme duquel la reine des Dakinis dit, dans le Norvou phrengva : « En criant avec la voix de secret houm et phat, je maintiendrai dans l’ordre l’innombrable légion des Dakinis[3]. » À la fin de l’inscription on lit

  1. À propos des quartiers du monde, qui sont au nombre de dix, voyez p. 80.
  2. Kha, « amer », ici il a le sens du tranchant, affilé.
  3. Schmidt, Geschichte der Œst-Mongolen, pp. 480 et 343.