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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Les Siddhis numéros 1, 3 et 5 sont les plus élevés ; le degré de perfection à atteindre dépend du rang de l’homme.

Ceux qui veulent obtenir Siddhi doivent renoncer aux vanités de la vie, observer strictement les lois morales et confesser leurs péchés ; ils doivent aussi s’adresser à un maître savant afin de ne rien omettre. Quand ils vont célébrer les rites, ils doivent être rasés, lavés et propres. Le lieu où s’accomplit la cérémonie a une influence toute particulière sur le succès. La place doit être choisie de telle sorte que l’esprit ne risque pas d’être distrait par des objets plus ou moins attrayants, ou par l’apparition possible de bêtes sauvages. Les lieux les plus favorables sont ceux où habitent des Bouddhas, Bōdhisattvas ou Sravakas. La place doit être balayée et nettoyée et on doit y jeter de la terre fraîche pour l’aplanir et la rendre plus douce. Il faut dessiner un cercle magique des cinq couleurs sacrées, afin de surmonter les obstacles, « Vinayakas », opposés par les démons ; car ces derniers font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les efforts et les charmes des dévots de produire leur effet. Dans le cercle on élève un autel, sur lequel on dispose divers vases remplis de grains, de pain et d’eau parfumée. La cérémonie consiste à réciter des incantations et présenter des offrandes aux rois du pouvoir magique, aux génies et aux démons. Pendant qu’on récite les incantations, on doit tenir à la main un Vadjra (Dordje), dont la matière varie suivant le genre du Siddhi désiré. Les incantations doivent être répétées un nombre de fois déterminé, soit par exemple cent mille fois dans un jour ; on en fait le compte au moyen du rosaire à 108 grains. On doit les réciter lentement et distinctement, sans élever ou baisser la voix ; il ne faut y faire ni addition ni omission ; on doit donner au récit la plus profonde attention, autrement on ne pourrait atteindre le but souhaité[1]. Il faut surtout diriger ses pensées vers la divinité tutélaire (tib. Yidam) choisie pour assurer le succès des incantations, offrandes, etc. ; la manière même de placer et de tenir les doigts, Moudras[2], a son importance ; ou doit choisir les positions qui figurent les attributs du dieu invoqué. Parmi les cérémonies d’offrandes, l’holocauste, en tibétain Chinsreg ou Sregpa, en sanscrit Homa, a le plus

  1. On verra plus loin la description d’un rite réputé excellent.
  2. Sur les Moudras, voir p. 38.