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LE BOUDDHISME AU TIBET

acquérir plus tard une miraculeuse puissance magique appelée Siddhi et enfin s’affranchir de la métempsychose. Cette idée n’est pas contraire aux principes du bouddhisme, qui déclare que des pouvoirs supérieurs à ceux que la nature a départis aux hommes peuvent s’acquérir par la méditation, l’abstinence, l’observation des devoirs moraux et le repentir sincère des péchés. Cet encouragement à une vie morale, dont les conséquences sont développées dans les livres sacrés en nombreuses paraboles, est bien fait pour exercer une influence heureuse sur l’adoucissement des mœurs barbares des nations bouddhiques ; mais le bouddhisme, qui ne comprend pas le véritable but de la vertu, qui n’admet pas une divinité suprême dominant sur tout, et qui considère l’existence comme la cause de tous les maux, était incapable de produire une civilisation aussi générale que celle du christianisme[1].

Les livres qui traitent le plus systématiquement les arts magiques sont le Tantra Sabahoupariprichha et le Lamrim de Tsonkhapa, dans lesquels on trouve l’explication complète de tout ce qui touche à leur théorie ou à leur application pratique. Dans le Sabahoupariprichha[2] Vadjrapani décrit au Bôdhisattva Sabahou, sous la forme habituelle de dialogues, la manière d’accomplir diverses cérémonies et indique les prières et incantations à employer pendant leur célébration pour acquérir le Siddhi. Ce livre montre les obstacles qui se présenteront et spécifie les signes qui indiquent qu’on obtiendra bientôt Siddhi ; il définit aussi son essence et ses qualités.

On distingue huit sortes de Siddhi :

1. Pouvoir de conjurer.
2. Longévité.
3. L’eau de la vie, ou le remède (Amrita).
4. La découverte de trésors cachés.
5. L’entrée dans le souterrain d’Indra.
6. L’art de faire de l’or.
7. La transformation de la terre en or.
8. L’acquisition du joyau inappréciable.

  1. On verra une dissertation très intéressante sur le bouddhisme dans le Bouddha et sa religion, chap. v, Barthélemy-Saint Hilaire. Comparez aussi M. Müller Buddhism and Buddhist Pilgrims, pp. 14-20.
  2. Le résumé de ce livre a été publié par Wassiljew Buddhismus, pp. 208-217. Voyez aussi les remarques de Burnouf sur l’obtention de pouvoirs magiques, dans son Lotus de la bonne Loi, p. 310.