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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

supérieure à celle des Hindous de l’Inde. On ne peut pas prétendre qu’il y ait plus de mélodie dans la musique tibétaine, et cependant les instruments produisent une certaine combinaison harmonieuse et une succession rythmique de sons.

CYLINDRES À PRIÈRES

Le cylindre à prière, en tibétain khorten, aussi mani et mani chhoskhor[1], est un instrument particulier aux bouddhistes et qui caractérise très bien leurs notions religieuses. L’usage de cet instrument a dû probablement se répandre par suite des exhortations à la fréquente lecture des livres et des sentences sacrés, dans le but d’arriver à connaître les dogmes de la doctrine bouddhique. Avec le temps la simple lecture ou la copie des livres et écrits sacrés a fini par être considérée comme une oeuvre méritoire, et un des moyens les plus efficaces de se purifier du péché et de se délivrer de la métempsychose.

Peu de personnes cependant savaient lire, et ceux-là étaient empêchés par leurs occupations de le faire fréquemment ; c’est pourquoi, Je pense, les Lamas ont songé à un expédient qui permît à l’ignorant ou à l’homme occupe d’obtenir les avantages attachés à l’observation de ces pratiques. Ils enseignèrent donc que la simple action de tourner un manuscrit roulé en remplaçait efficacement la lecture.

Les boîtes cylindriques où sont enfermées les prières à tourner, sont ordinairement en métal ; mais on trouve souvent des enveloppes de bois, de cuir ou même de coton commun. Elles ont de 3 à 5 pouces de hauteur et 2 ou 3 de diamètre. Un manche de bois traverse le cylindre et forme son axe. Autour de cet axe sont enroulées de longues bandes de papier ou d’étoffe avec des sentences sacrées imprimées ; ces rouleaux sont recouverts d’un morceau d’étoffe de coton sans impression. Pour faciliter la rotation du cylindre, une petite pierre ou un morceau de métal y est fixé par un cordon, de sorte qu’un léger mouvement de la main suffit pour maintenir un mouvement de rotation sûr et régulier.

  1. Mani, « chose précieuse » ; chhos, « doctrine » ; khor, de khor-ba, « tourner » ; ḅṛten, « tenir, soutenir ».