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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

croîtra sur la terre ; lorsque le chant Mani sera rendu en réponse[1] ; lorsque les veaux de la race Dzo dévasteront (les champs)[2] ; lorsque les hommes convoiteront le bien d’autrui ; lorsque les saints voyageront et feront le commerce[3] ;

Lorsque la fraude se fera avec mesure[4] et poids ; lorsque les Chinois pratiqueront des petits enfants (qu’ils achèteront aux Tibétains) ; lorsque sous les portes (des temples) seront pratiqués des miracles trompeurs (sorcellerie) ; lorsque les hommes mangeront et boiront et ne se soucieront que de l’existence actuelle ; lorsqu’il ne se fera plus de libéralités ; lorsque le temps viendra où les vieilles coutumes seront troublées (changées) ; lorsque les hommes seront en proie aux ravages de la guerre et de l’ennemi ; lorsque la gelée, la grêle et la sécheresse répandront (rendront générale) la famine[5] ; lorsque les hommes et les êtres animés auront à souffrir de mauvaises actions[6] : alors dans cette période de détresse et de misère, ce ṣDig-ḅshags-g̣ter-chhos sera une purification pour tous les péchés qui auront été accumulés dans cet intervalle ; tous les hommes le liront et par son mérite tous les péchés seront effacés[7]. »

TRADUCTION DE LA SECONDE PARTIE

« Enchâssé dans la cassette sacrée à l’époque de la prononciation des bénédictions[8].

Dans cette période de détresse et de misère, où les hommes souffriront

  1. Par Mani, il faut entendre la fameuse prière à six syllabes : Om mani padme houm, Ô, le joyau dans le Lotus, Amen. L’allusion du texte se rapporte à la transformation de cette prière en une chanson populaire.
  2. ṃDzo, métis produit d’un yak (bos grunniens) et d’une vache de la race du zébu indien ; dans l’idiome des tribus de l’Himalaya, on l’appelle choubou. Les dzos sont une des rares espèces de métis qui soient capables de reproduire et dans quelques vallées leur nombre dépasse celui des yaks.
  3. En tibétain, nal-jor ; en sanscrit, yogacharya, saint, dévot ; c’est aussi le nom d’une secte religieuse qui fut très en faveur dans l’Inde jusqu’au septième siècle. Sur son histoire et ses dogmes religieux, voyez chap. v.
  4. L’expression tibétaine bre, qu’on prononce aussi pre, est, selon le dictionnaire de Csoma, une mesure de capacité, le vingtième du boisseau tibétain.
  5. Il y a ici quelques mots illisibles.
  6. Voyez, page 58, la théorie bouddhique de l’influence des bonnes ou des mauvaises actions sur le bonheur.
  7. Les quatre dernières lignes de l’original sont si détériorées que l’on ne peut déchiffrer que quelques mots, assez cependant pour indiquer le sens.
  8. Voyez, chap. xiii, les rites et cérémonies religieuses qui se rapportent à la construction des chortens.