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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

« J’adore les Tathāgatas des trois périodes[1] qui habitent dans les dix quartiers du monde[2], les vainqueurs des ennemis, les très purs et très parfaits Bouddhas ; j’adore ces êtres illustres[3], chacun en particulier et tous ensemble. Je leur offre et leur confesse mes péchés.

Je me réjouis des causes de vertus[4] ; je tourne la roue de la doctrine ;[5] je crois que le corps de tous les Bouddhas n’entre pas à Nirvâna[6].

Les causes de vertu grandiront jusqu’à atteindre la grande perfection.

J’adore le Tathāgata, le vainqueur de l’ennemi[7], le très pur[8], le très parfait Bouddha Nam-ṃkha’-ḍpal-dri-med-ṛdoul-rab-tu-ṃdzes[9].

J’adore le Tathāgata Yon-tan-tog-gi-’od-la-me-tog-padma-vaidhourya ’i-’od- zer-rin po-chhe’i-g̣zugṣ, qui a le corps d’un fils de Dieu.

J’adore le Tathāgata sPos-ṃchhog-dam-pas-ṃchhod-pa’i-skou-ṛgyan-pa. ».

    Salut au prince des Mounis ; salut au fils de Sârikâ ; salut à Ģrachen dzin (sanscrit Lahoula). La page titre du livre est suivie par le salut aux trois saints. Csoma, Analysis of the Dulva class of the Kanjur, As. Res., vol. XX, p. 45. Notre document historique relatif à la fondation du monastère de Himis, dont une traduction abrégée fait partie du chapitre sur les monastères, commence par ces mots : Dieu vous garde ! Honneur et salut aux maîtres.

  1. Les trois périodes sont le passé, le présent et le futur ; les Bouddhas du temps passé sont ceux qui ont prêché la loi et sont retournés à Nirvâna : le Bouddha du temps présent est Sâkyamouni, le dernier qui soit apparu ; les Bouddhas futurs sont les Bodhisattvas ou candidats à la dignité de Bouddha. Les Bouddhas des trois périodes comprennent tous les Bouddhas.
  2. En tibétain phyog̣ṣḅchou. Ces dix quartiers du monde sont : Le Nord, Nord-Est, Est, Sud-Est, Sud, Sud-Ouest, Ouest, Nord-Ouest, le quartier au-dessus du zénith, le quartier sous le nadir. Chaque région est habitée par ses Bouddhas et ses dieux particuliers et il est de grande importance de connaître leurs sentiments sur chaque homme en particulier. Voyez pour les détails, chap. XVIII, no 2. Une signification tout à fait différente est celle de Sa-ḅhou-pa, « les dix terres », expression équivalente au sanscrit Dasabhoumi, qui a rapport aux dix régions ou degrés qu’un Bodhisattva doit successivement parcourir pour atteindre la perfection d’un Bouddha. Comparez Csoma, Dictionnaire, p. 99 ; Analysis, As. Res., vol. XX, p. 469 et 495 ; Burnouf, « Introduction » p. 438. Wassiljew Der Buddhismus, p. 405.
  3. En tibétain ḍpal, titre qui s’applique aux dieux, aux saints et aux grands hommes.
  4. Le mot tibétain est ṛtsa-va, « racine, première cause, origine. » La signification de cette phrase est une promesse de pratiquer les vertus.
  5. C’est le terme technique pour enseigner et prêcher les lois du Bouddha ; par analogie, il s’applique à l’observation des préceptes du Bouddha. Comparez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, pages 29, 17.
  6. Cette phrase s’explique par le dogme des trois corps de chaque Bouddha, voyez page 20. Quand un Bouddha quitte la terre, il perd le pouvoir de s’incarner de nouveau dans la forme humaine : le corps Nirmânakâya (tib. Proulpai kou) dans lequel il a travaillé au bien-être et au salut de l’humanité dans la période qui précède son arrivée à la perfection d’un Bouddha, meurt avec lui et n’entre pas à Nirvâna. Le terme tibétain g̣sol-ba-debṣ doit se traduire par « je crois », bien que les dictionnaires donnent pour sa signification « supplier, prier. »
  7. En tibétain ḍgra-ḅchompa, en sanscrit arhat (voyez, page 19).
  8. En tibétain Yang-dag-par-rdzogṣ-pa, en sanscrit Samyak sambouddha.
  9. Ce mot et les termes tibétains qui suivent sont les noms personnels des divers Bouddhas.