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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Tibet, la Mongolie, une partie de la Chine, puis elle s’arrête sur le mont Oikhan dans le district d’Olgon, que l’on suppose situé dans la Sibérie orientale. Cette montagne est, dit-on, entourée par de vastes et inhabitables déserts et par l’océan Mouliding[1].

LÉGENDE DE TSANGPA (BRAHMA)

Tsangpa, un des disciples du Bouddha, s’était retiré dans les forêts, il était sur le point de découvrir les secrets de la doctrine du Bouddha, grâce à une méditation extraordinaire et à la pratique de toutes les vertus, quand un Doudpo lui apparut sous la forme d’une femme splendidement belle qui lui offrit des friandises délicieuses. Tsangpa accepta sans défiance, bientôt il s’enivra et dans sa fureur tua le bélier sur lequel le démon chevauchait. Cette action violente lui fit perdre le fruit des bonnes œuvres amassées avec tant de peine et jamais il ne put atteindre un rang plus élevé que celui de simple suivant, ou Oupasâka (tib. Genyen)[2]. Plein de rage contre les esprits malins, Tsangpa fit un serment affreux entre les mains du Bouddha Vadjradhara, promettant d’employer toutes ses forces à exterminer la race pernicieuse qui lui faisait perdre son rang[3].

LÉGENDE DE CHAKDOR (VADJRAPANI)[4]

Il y a fort longtemps, les Bouddhas se réunirent un jour sur le sommet du mont Mérou, pour délibérer sur les moyens de se procurer l’eau de la vie, Doutsi (sanscrit Amrita), qui était cachée dans les profondeurs de l’Océan. Dans leur bonté ils voulaient la distribuer à la race humaine, comme un

  1. Un portrait de Lhamo, la même que la déesse Okkin Yaneri des Mongols et que la Lhammo ou Lchamou de Pallas (Mongol Völker, vol. II, p. 98), se trouve aussi sur la peinture des trente-cinq Bouddhas de confession décrite p. 61. Une représentation semblable de la même déesse se trouve dans la planche VI de l’ouvrage de Pallas.
  2. J’ai déjà établi que ces génies ne sont pas admis au rang des Bouddhas.
  3. Cette légende me porte à croire que ce ne fut pas par ordre de Sakya, comme le dit Pallas, que Manjusri Bodhisattva, dieu de la sagesse (voyez p. 42), prit pour repousser le criminel Choichishalba, la forme de Yamantaka (Voyez Mongol Völker, vol. II, p. 96), mais que ce fut volontairement et par suite d’un serment.
  4. Cette légende se trouve dans le livre Drimed shel preng, guirlande de cristaux sans tache. Voir planche XIII, l’image de Vadjrapani.