Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

tiennent des principes bas ou vulgaires, moyens et sublimes ; ainsi de la connaissance de chacune de ces classes découle un degré particulier de perfection. Ils décrivent ensuite, dans les termes suivants, ce qu’un homme doit croire selon ses moyens :

1. Les hommes d’intelligence vulgaire doivent croire qu’il y a un Dieu, qu’il y a une vie future où ils récolteront le fruit de leurs œuvres en cette vie terrestre.

2. Ceux qui ont un degré moyen d’intelligence, outre qu’ils admettent ces premières propositions, doivent savoir que toute chose composée est périssable, qu’il n’y a point de réalité dans les choses, que toute imperfection est douleur et que la délivrance de la douleur, ou existence corporelle, constitue le bonheur final, ou béatitude.

3. Les plus intelligents doivent savoir en plus des dogmes ci-dessus énoncés que, depuis le corps ou dernier objet jusqu’à l’âme suprême, rien n’existe par soi-même ; qu’on ne peut pas dire que rien ne saurait exister toujours ou cesser absolument, mais que tout existe par dépendance ou connexion causale ou concaténation.

4. Dans la pratique les intelligences vulgaires se contentent de l’exercice des dix vertus. Les moyennes remplissent les dix vertus et s’efforcent d’exceller en moralité, méditation et habileté ou sagesse. Les esprits sublimes pourront à ces vertus premières joindre la pratique des six vertus transcendantes. Il y a donc trois degrés distincts dans le summum bonum de béatitude ou de perfection. Les uns se contentent d’une heureuse transmigration et bornent leurs désirs à renaître comme dieux, hommes ou assuras. D’autres espèrent être récompensés par la renaissance à Soukhavati et la délivrance de la douleur et de l’existence corporelle. Une troisième classe ne veut pas seulement atteindre Nirvāna, mais aussi en montrer plus tard le chemin aux autres comme très parfaits Bouddhas.

Ce pouvoir ne peut appartenir qu’à ceux qui entrent dans le clergé ou, selon l’expression des lamas, qui prennent les vœux, Dom. De nombreuses légendes expliquent les mérites qui s’acquièrent par l’entrée dans les ordres religieux, et affirment la nécessité de cette détermination[1]. L’idée que les

  1. Voyez pages 19 et 26. Je cite comme exemple Schmidt, Dsang-lun, Der Weise und der Thor, page 108.