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LE BOUDDHISME AU TIBET

CHAPITRE X

traits caractéristiques de la religion du peuple

Somme de connaissance religieuse. — Dieux, génies et esprits malins. — Les esprits Lhamayin et Doudpos. Légendes sur Lhamo, Tsangpa et Chakdor. — Prières.

somme de connaissance religieuse

Une religion qui contient tant de spéculation philosophique et se divise en tant de systèmes, écoles et sectes différents, ne peut évidemment pas être connue dans sa plénitude par les basses classes qui forment la masse de la population ; elle n’est intelligible que pour ceux qui possèdent un certain degré d’instruction. Csoma qui, pendant ses études, prêta une grande attention à la somme générale de connaissance religieuse dans les diverses classes de la société tibétaine, donne les détails suivants dans ses « Notices »[1].

Les systèmes Vaibhashika, Sautrantika, Yogāchārya et Madhyamika, sont bien connus de beaucoup de savants tibétains ; mais beaucoup aussi ne les connaissent que de nom. Les ouvrages explicatifs des théories Yogāchārya et Madhyamika ne peuvent être compris que par les savants, car ils emploient trop de termes abstraits et de distinctions subtiles ; la plupart des gens religieux (ou du clergé) préfèrent les livres Tantrika, le Kandjour, le Doulva ou discipline et quelques extraits du Do ou Soutras. » Il ajoute que les Tibétains sont assez familiarisés avec les dogmes des « Trois Véhicules » (tib. Thegpasoum, sansc. Triyāna)[2]. Ce dogme, emprunté à l’école Mahāyāna, est expliqué avec détail dans les abrégés tibétains appelés Lamrin ou chemin graduel de perfection ; le plus en renom de ces traités a été écrit par Tsonkhapa. L’argumentation de ces livres est tirée de la considération que les dogmes du Bouddha s’appliquent aussi bien aux intelligences les plus faibles qu’aux plus élevées, puisqu’ils con-

  1. Journ. As. Soc. Beng., vol. VII, p. 145.
  2. Voyez page 16.