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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

soumise à la migration tant qu’elle n’est pas délivrée des causes d’une nouvelle naissance. Les formes sous lesquelles chaque être vivant peut renaître sont sextuples :

1o La plus haute classe est celle des Lha, « esprits, êtres supérieurs, dieux », en sanscrit Deva ; ils prennent rang de suite après les Bouddhas et habitent les six régions célestes (en sanscrit Devalôkas). Deux de ces régions appartiennent à la terre ; les quatre autres, demeures supérieures, sont situées dans l’atmosphère bien loin de la terre :

2o La seconde classe est celle des hommes appelés Mi ;

3o La troisième classe est celle des Lhamayin, « les mauvais esprits », littéralement non-Dieu, en sanscrit Asouras. Ce sont les adversaires des Devas et les plus puissants des mauvais esprits ; ils habitent les régions au-dessous du mont Mérou (tib. Lhoung po) ;

4o La quatrième classe comprend les brutes (bêtes), Doudo ou Djolsong ;

5o La cinquième classe est formée par les Yidags, monstres imaginaires représentant l’état des êtres misérables (sanscrit Prêta). Ils ne reçoivent ni nourriture ni boisson, quoiqu’ils en aient grand besoin. Aussi sont-ils toujours dévorés de faim et de soif, leur bouche est grande comme le trou d’une aiguille, mais leur corps a douze milles de hauteur ;

6o La sixième et plus basse classe d’êtres est composée des misérables habitants de l’enfer. Myalba (sanscrit Naraka), lieu d’affreuse punition pour les méchants, qui y sont cruellement tourmentés.

Les classes des dieux et des hommes sont les bons degrés de ces six classes ; les quatre autres sont appelées les mauvaises conditions[1]. La classe dans laquelle doit renaître chaque homme dépend des actions, ou travaux, « Las », qu’il a accomplis, soit dans la vie présente, soit dans une existence antérieure : c’est là la fatalité (tib. Kalba) des bouddhistes ; de bonnes actions impliquent la renaissance dans l’une des classes supérieures, la mauvaise conduite con-

  1. Sur ces six ordres d’existence, voyez Burnouf, Lotus de la bonne Loi, p. 309 ; Pallas, Mongol. Völkerschriften, vol. II, p. 95 ; Schmidt, Ueber die dritte Welt der Buddhisten, Mém. de l’Acad. des Sciences, vol. II, p. 27, 39. Les auteurs mongols placent les Lhamayin avant l’homme, qu’ils relèguent à la troisième classe ; mais les ouvrages consultés par Burnouf, Rémusat, Hardy, etc., les classent dans l’ordre donné dans notre texte. Dans beaucoup de livres sacrés, il n’y a que cinq classes ; les Singhalais, par exemple, omettent la classe des Asouras. Hardy, Manual, p. 37. Burnouf, p. 377. Pour la description et les divisions de l’enfer, voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 133. Hardy, Manual, p. et 27, Pallas, vol. II, p. 53.