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Qui croira cependant, que ceux qui se veulent 16 eslever et fortifier de la foiblesse d’autruy, 17 se puissent eslever ou fortifier de leur propre force ? Et le bon est, qu’ils pensent estre quittes de leur effronterie à vilipender 18 ce sexe, usants d’une effronterie pareille à se loüer et 19 se dorer eux mesmes, je dis par fois en particulier comme en general, 20 voire à quelque tort que ce soit : comme si la vérité de leur vanterie recevoit 21 mesure et qualité de son impudence. Et Dieu sçait si je 22 congnois de ces joyeux vanteurs, et dont les vanteries sont tantost passées en proverbe, entre les plus eschauffez au mespris des femmes. Mais quoy, s’ils prennent droict d’estre 23 galans et suffisans hommes, de ce qu’ils se declarent tels comme par Edict ; pourquoy 24 n’abestiront-ils les femmes par le contrepied d’un autre Edict ? 25 Et si je juge bien, soit de la dignité, soit de la capacité des dames, je ne pretends pas à 26 cette heure de le prouver par raisons, puisque les opiniastres les 27 pouroient debattre, ny par exemples, d’autant qu’ils sont trop communs ; 28 ains seulement par 29 l’aucthorité de Dieu mesme, des 3 arcsboutans de son Eglise et de ces grands 31 hommes qui ont servy de lumiere à l’Univers. 32 Rengeons ces glorieux tesmoins en teste, et reservons Dieu, puis les Saincts Peres de son Eglise, 33 au fonds, comme le tresor.

Platon à qui nul n’a debattu le tiltre de divin, et consequemment Socrates son interprete et 34 Protecole en ses Escripts ; (s’il n’est là mesme celuy de Socrates, son plus divin Précepteur) 35 leur assignent