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ceux d’entre les hommes ausquels elles voudroient moins ressembler : personnes à donner vraysemblance aux reproches qu’on pourroit 7 vosmir sur le sexe féminin, s’ils en estoient, et qui sentent en leur cœur ne se pouvoir recommander que par le credit 8 de l’autre. D’autant qu’ils ont ouy trompetter par les ruës, que les femmes manquent de dignité, manquent aussi de suffisance, voire du temperament et des organes pour arriver à 9 cette-cy, leur eloquence triomphe à prescher ces maximes : et tant plus opulemment, de ce que, dignité, suffisance, organes et temperament sont 10 beaux mots : n’ayans pas appris d’autre part, que la premiere qualité d’un 11 mal habill’homme, c’est de cautionner les choses soubs la foy populaire et par ouyr dire. 12 Voyez tels esprits comparer ces deux sexes : la 13 plus haute suffisance à leur advis où les femmes puissent arriver, c’est de ressembler le commun des hommes : autant 14 eslongnez d’imaginer, qu’une grande femme se peust dire grand homme, le sexe 15 changé, que de consentir qu’un homme se peust eslever à l’estage d’un Dieu. Gens plus braves qu’Hercules vrayement, qui ne desfit que douze monstres en douze combats ; tandis que d’une seule parolle ils desfont la moitié du Monde.

    hiberois le bénéfice literaire au sexe femenin, l’improperant de n’estre capable des bonnes lettres. »
    Anne-Marie de Schurman qui est un peu l’élève en féminisme de Marie de Gournay dit, elle aussi : « Je sçay bien, que pour ne nous pas laisser inutiles, on nous donne en partage l’esguille et le fuseau, et que l’on nous dit que cet employ doit estre celuy de nostre sexe. »