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A LA REYNE[1]


Madame,


Ceux qui s’adviserent de donner un Soleil pour devise[2] au Roy vostre Pere, avec ce mot, Il n’a point d’Occident pour moy, firent plus qu’ils ne pensoient : parce qu’en representans sa grandeur qui voit presque tousjours ce Prince des Astres sur quelqu’une de ses terres, sans intervale de nuict ; ils rendirent la devise hereditaire en vostre Majesté, presageans vos vertus, et de plus, la beatitude des François sous vostre Auguste presence. C’est dis-je chez vostre Majesté, Madame, que la lumiere des vertus n’aura point d’Occident, ny consequemment l’heur et la felicité de nos Peuples qu’elles esclaireront. Or comme vous estes en l’Orient de vostre aage et de vos vertus ensemble, Madame,

  1. Anne d’Autriche, fille de Philippe III d’Espagne, femme de Louis XIII.
  2. Il m’a paru superflu de relever les variantes que présente cette dédicace dans l’Ombre et dans les éditions des Advis de Mademoiselle de Gournay. Elle y a d’ailleurs changé fort peu de chose. Mais il est curieux de constater qu’en 1622 elle a l’air d’ignorer la mort de Philippe III, décédé le 31 mars 1621. En effet, en 1622 elle dit encore : « au Roy vostre Pere… qui voit » et en 1626 cette phrase est ainsi modifiée : « au feu Roy vostre Pere… qui voyoit. »