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de langue, d’orthographe et de fond que l’auteur a cru devoir apporter à son œuvre pour lui permettre de mieux résister à l’oubli[1]. J’ai fait de même pour le Grief des dames paru en 1626, remanié en 1634 et en 1641. J’indique les éditions par des astérisques et j’ai préféré réunir toutes les variantes à la suite des traités pour ne pas gêner le lecteur qui pourra ainsi mieux goûter la naïveté et parfois aussi la finesse du premier jet.

J’aurais pu accumuler les notes à plaisir, mais j’ai cru plus sage de m’en tenir au strict nécessaire pour ne pas hérisser de difficultés une lecture qui, je l’espère, amusera quelques curieux et rappellera à ceux qui Font oubliée la figure si piquante de la vieille demoiselle de Gournay. Elle a donné trois preuves de bon sens qui suffiraient à lui assurer la sympathie d’un lecteur attentif et impartial : elle a été dévouée à la

  1. M. Brunot, à qui n’échappe rien de ce qui intéresse l’histoire de la langue française, a remarqué quel ascendant le nouvel usage exerçait sur la vieille demoiselle qui s’efforçait de rajeunir ses anciens écrits sans cesser de s’exprimer en vieux style lorsqu’elle improvisait.
    « Si, dit M. Brunot, on compare le texte de l’Ombre à celui des Advis, on s’aperçoit qu’elle s’est corrigée. Assurément ces corrections n’étaient point faites avec minutie ; on voit la même faute, redressée ici, subsister là et ailleurs ; et si par exemple la vieille demoiselle ajoute, dans sa dernière édition, un nouveau paragraphe à ses anciens traités, elle retrouve naturellement sous sa plume, sans songer à les proscrire, les mots et les tours anciens, qu’elle pouvait employer sans scrupule dans sa jeunesse. Mais ce qu’elle a rédigé autrefois, ce qu’elle peut relire aujourd’hui et critiquer à tête reposée, elle essaie de le rajeunir. » Histoire de la langue française des origines à 1900, t. III, p. 13. (Paris, 1909.)