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Godeau, Charles Ier, duc de Mantoue, Louis de Valois, comte d’Alais, le duc de Biron, le président Janin, Juste Lipse, Erycius Puteanus, Balzac, Maynard, Daniel Heinsius et beaucoup d’autres avaient écrit à la fille d’alliance de Montaigne pour l’assurer de leur protection, de leur admiration ou simplement de leur amitié.

La véritable originalité de Mademoiselle de Gournay est d’avoir à tout propos défendu la femme et les femmes contre l’injuste dédain des hommes. Qu’elle l’ait fait beaucoup pour elle-même, c’est certain, mais elle ne l’a pas fait pour elle seulement, ses rapports avec Anne-Marie de Schurman et son admiration pour cette érudite et modeste fille suffiraient à le prouver[1].

Marie de Gournay a traité avec une chaleur persuasive un sujet qui ne prêtait qu’à rire et qui de son temps déjà avait défrayé d’innombrables satires. Attaquer les femmes, faire l’éloge de leur mérite ou de leur beauté, ce sont là des lieux communs dont la littérature française offre de nombreux exemples[2]. Ces sujets ont été à la mode bien avant l’époque de Marie de Gournay. Seulement, quand on blâmait les femmes, c’était au bénéfice des hommes, et lorsqu’au contraire on les louait, l’intention d’écraser le sexe fort de leur

  1. Voyez l’Appendice B.
  2. Cf. G. Ascoli, Bibliograghie pour servir à l’histoire des idées féministes depuis le milieu du xvie jusqu’à la fin du xviiie siècle publiée à la suite de l’Essai sur l’histoire des idées féministes en France du xvie siècle à la Révolution (Paris, 1906).