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le cardinal. – Il y a encore madame Piaillon, ajouta Boisrobert ; c’est sa chatte. – Je lui donne vingt livres de pension, répondit l’Eminentissime, à condition qu’elle aura des trippes. – Mais, Monseigneur, elle a chatonné », dit Boisrobert. Le cardinal ajoute encore une pistole pour les chatons[1] ».

Mademoiselle de Gournay recevait, et comme sa table était médiocre, certaine épigramme sur un « poulet-d’inde dur au disner d’un poëte » semble l’indiquer, il faut que sa conversation vivante et nourrie ait eu beaucoup de charme[2]. L’abbé de Marolles, qui habita la même maison qu’elle, appréciait la vieille savante. Chapelain, qu’elle accablait de questions, la trouvait gênante, mais la ménageait cependant et allait la voir avec le vif espoir, il est vrai, de ne pas la rencontrer[3]. Balzac lui écrivait

  1. Tallemant des Réaux, Historiettes (Paris, 1834), t. II, p. 125.
  2. En effet Richelieu n’était pas seul à s’amuser de ses reparties, il paraît que le fils aîné du duc de Nevers en faisait autant. L’abbé de Marolles dans ses Mémoires assure que « Mademoiselle de Gournay, estoit un de ses grands divertissemens, et quoi qu’il fust d’une humeur assez galante, si est ce qu’il n’y avoit point de Dame qu’il n’eust quittée pour entretenir celle-cy, soit qu’il la vit chez Mademoiselle sa sœur, soit qu’il la trouvast chez Madame de Longueville sa tante, ou chez Madame la comtesse de Soissons, où elle allait quelquefois. »
  3. En date du 28 novembre 1632, Chapelain écrivait à Godeau : « Nous manquâmes heureusement la damoiselle de Montagne en la visite que M. Conrart et moi lui fîmes il y a huit jours. Je prie Dieu que nous le fassions toujours de même chez elle, et que sans nous porter aux insolences de S. Amand, nous en soyons aussi bien délivrez que lui. » Mélanges de littérature tirez des lettres manuscrites de M. Chapelain (Paris, Briasson, 1726), p. 10-11.