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et s’est contentée de dix lignes d’avertissement[1].

De Montaigne qu’elle quitta à regret, on le devine. Mademoiselle de Gournay gagna la Picardie où l’appelaient ses affaires toujours précaires, et de là elle se rendit à Anvers et à Bruxelles, pour affaires de librairie sans doute. Elle ne s’explique pas sur ce point, mais il est permis de le supposer avec une certaine vraisemblance. En Belgique, son amitié avec Lipse la servit grandement. On eut pour elle des attentions qui lui firent goûter toutes les joies de la célébrité. Elle s’en souvient lorsqu’elle écrit son apologie, où elle insiste longuement sur le cas que font d’elle les étrangers : « Je ne puis oublier, dit-elle, le logis qui me fut si courtoisement donné à Bruxelles, où quelques affaires m’acheminerent un jour, en la vertueuse maison du sieur Président Vanette : l’accueil, faveur, offices exquis, que je receus du sieur Proveedor Roberty, personnage qui sert dignement les Archiducs, et certainement plain de generosité, d’amour des Muses et de la vertu, pour soy-mesme et pour autrui : la reception et les festins, outre cela, d’un grand nombre de personnes de qualité et du Conseil, tant en la mesme Ville, qu’en celle d’Anvers, dont plusieurs François sont tesmoins : mes portraicts retenus et cheris en l’une et en l’autre : le tout sans aucune prealable cognoissance que j’eusse, de tous ceux qui me departoient ces courtoisies. »

  1. Cet avertissement est la courte préface des éditions des Essais de 1598, 1600, 1602 et 1604 publiées chez L’Angelier et que le Dr Payen a baptisée du nom de petite préface de Gournay.